Hommage spécial de "Perspectives France Israël" - Jacques Chaban-Delmas
Correspond à la page : 139Note de l'auteur
Hommage de celui que Lazare Rachline fit de facto général en avril 1944, au cours de la mission Clé.Retranscription
Un homme de cœur
Par Jacques CHABAN-DELMAS
Pour moi, rien ne saurait mieux éclairer l’estime portée à Lazare Rachline et le profond regret de sa disparition, que l’évocation de notre première rencontre.
C’était sous l’occupation, à la fin du printemps de 1944. Lazare Rachline accomplissait en France une mission aussi périlleuse qu’importante. Il s’agissait d’établir un rapport sur la situation d’ensemble de la Résistance avec, en conclusion, des propositions précises pour une ultime réorganisation de l’appareil, tant civil que militaire, délégué auprès de la Résistance par le Gouvernement provisoire de la République Française, alors présidé et animé à Alger par le Général de Gaulle.
On mesure l’importance de cette Mission.
Quant aux périls, ils tenaient à ce que, depuis bientôt trois mois, les Services ennemis avaient obtenu d’amples résultats dans la lutte qu’ils menaient contre nous.
Grâce au bon fonctionnement — c’est-à-dire à l’abnégation de nos Agents de liaison, nous avons pu nous rencontrer, à l’heure dite, Porte Maillot, devant la gare du train de ceinture.
L’heure que nous avons passée ensuite, à déambuler avenue de la Grande Armée, la montant et la redescendant sans même y prendre garde, demeure fixée dans ma mémoire.
L’homme respirait visiblement l’enthousiasme, l’intelligence, et aussi une efficience qui s’imposaient d’emblée.
Par la suite, j’ai pu constater que Lazare Rachline était également un homme de cœur.
En un mot, il avait une âme.
Jacques CHABAN-DELMAS
Président de l'Assemblée Nationale.