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Hommage spécial de "Perspectives France Israël" - Bernard Lecache

Correspond à la page : 138

Note de l'auteur

Hommage du créateur de la LICA, un des plus vieux amis de Lazare Rachline.

Retranscription

Un de la LICA
Lazare Rachline

A Suzanne et à ses enfants.

Pour moi, Lazare Rachline ne pouvait pas vieillir, parce qu'il était, pour moi, un jeune frère. Nous nous étions trouvés, reconnus, depuis plus de quarante ans, pour affronter, avec des gars de notre sorte, le combat qui devait éclairer toute notre vie : celui de la L.I.C.A.

Un combat d'honnêtes gens contre la canaille antijuive, l'une des pires canailles internationales.

Comme moi, Lazare était issu d'une famille ayant choisi l'Occident pour ne pas subir le pogrome. Mon enfance (la sienne dix ans plus tard), s'était éveillée en pleine Affaire Dreyfus, dans une France divisée, passionnée, où nous apprenions à refuser l'intolérance religieuse, la haine imbécile orchestrée de main de maître par les Drumont, Maurras et autres racistes frénétiques, contre les Juifs d'abord, en fin de compte contre les Français assez Français pour vouloir placer la justice au-dessus de la bêtise.

Vint, environ en 1926, Scholim Schwartzbard, un modeste horloger émigré de son Ukraine natale où les remous de la guerre civile, de 1919 à 1923, avaient promu Petlioura grand organisateur du massacre de 300.000 Juives et Juifs. Sa guerre perdue, Petlioura jouait chez nous à l'exilé patriote. Schwartzbard, au coin d'une rue, l'abattit comme un chien enragé.

Ce sont les coups de revolver de Schwartzbard qui ont rendu lucide notre conscience. 300.000 innocents vengés, restaient les autres, et tous ceux, Juifs ou non, menacés par la vague raciste. Au verdict de la Cour d'Assises de la Seine déclarant Schwartzbard non-coupable, une poignée de jeunes hommes a répondu par la création de la L.I.C.A., rassemblant tôt les meilleurs et les plus nobles des Français puis, en maints autres pays, les pionniers de l'antiracisme, premiers à dénoncer les crimes présents, premiers à affronter, où qu'ils fussent, les petits et grands Petlioura.

C'était bon de sentir à ses côtés un Lazare Rachline toujours prêt à tenir la rue, à rendre coup pour coup. Ils sont encore des milliers, parmi les anciens, à s'en souvenir, à le retrouver sur le chemin de notre beau passé. Et notre L.I.C.A. s'est étendue sur les continents, là même où l'ennemi était le plus fort.

En 1929, nous étions en Palestine, lors des pogromes de Hébron et de Saffed, pour tenter le rapprochement et l'entente entre Arabes et Juifs, malgré les Husseini déjà vendus à Hitler. Dès 1930, contre la Garde de Fer roumaine de Codreanu, contre les houligans polonais, contre les premiers S.S. d'Allemagne ou d'Autriche, les Degrelle de Belgique, les Mosley d'Angleterre, leurs alliés surgissant partout, se dressait une L.I.C.A. résolue dont les Rachline (Lazare et son frère Vila qui devait être fusillé au Fort Montluc à Lyon par les nazis) et tant d'autres héros, les pères amenant les fils et leur apprenant à tout risquer. Déjà, de 1929 à 1940, et durant l'occupation, la L.I.C.A. du passé rejoignait les compagnons du sacrifice librement consenti, semblables aux Juifs accrochés à leur Palestine, luttant et mourant pour la renaissance de leur Palestine, pour la naissance d'Israël, pour le salut de l'Etat naissant. Ici, comme là-bas, bien d'accord pour une France « amie et alliée d'Israël », bien d'accord pour sauvegarder, avec l'appui de la France, l'indépendance d'Israël.

A Lazare Rachline — le Lucien Rachet de la Résistance — vice-président de la L.I.C.A. — qui sut, jusqu'à son dernier souffle, maintenir l'honneur de la France en soutenant Israël, notre salut, notre hommage, notre tendresse qui ne s'épuisera pas !

Bernard LECACHE

Président de la L.I.C.A.

Original

Scan original de Hommage spécial de "Perspectives France Israël" - Bernard Lecache