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Mission Clé - Mise en place à Hill Street

Correspond aux pages : 234, 235, 236, 237, 241

Note de l'auteur

Document des Archives Nationales (Fonds d'Astier, cote : 72 AJ 410) sur la préparation et la rédaction des articles de la Mission Clé.

Retranscription

Séance du 5 avril 1944 tenue au Commissariat à l’Intérieur

Etaient présents :

Pour l’Intérieur :

  • M. Emmanuel d’Astier, Commissaire à l’Intérieur
  • M. Georges Boris, Délégué à Londres du C.I.
  • M. Coulet, Directeur à l’Intérieur
  • M. Rachet, Chef du Service du Courrier, Diffusion et Orientation

Pour le B.C.R.A.L. :

  • le Colonel Passy, Chef d’Etat-Major du Général Koenig
  • M. le Commandant Manuel, Chef du B.C.R.A.L.
  • M. le Colonel Lefèvre.

A. - Il s’agit en somme du départ de la mission CLE transformée par les événements, car je crois qu’on peut considérer d’ores et déjà que la mission Roulier ne partira pas, à moins que vous ayez reçu une réponse d’Alger.

M. - Non, il n’y a pas eu de réponse. Vous savez que les Anglais s’y opposent, ils menacent d’en appeler à l’arbitrage de Eisenhower.

A. - Pour l’instant, en attendant la décision de remplacer le Colonel Roulier –si on le remplace-, je comprends que la mission sera menée par le Colonel Lefèvre et le Cdt. Lhortois. ?

M. - Le Colonel Lefèvre représentant l’O.R.A., le Cdt. Lhortois pouvant être considéré comme représentant du « gaullisme », cela montre l’union sur le plan militaire vue de Londres.

A. - Seront-ils ensemble au début où mènent-ils leur mission séparément ?

M. - Ce que nous leur avons demandé c’est de réunir le Comité Militaire National prévu par le décret du 10 mars. Alors j’ai repris avec eux le décret du 10 mars, et nous avons commenté ce décret de façon à ce qu’ils s’en pénètrent et qu’ils voient l’organisation telle qu’elle a été conçue par ce décret, et qu’ils veillent à son application.

A. - Avec ce décret emmènent-ils aussi une copie de l’ordre de mission de Roulier ?

M. - Non, ils n’assument pas la mission Roulier, mais nous leur avons demandé de voir d’ores et déjà quelles étaient les possibilités de mise en place du dispositif prévu par le décret et de nous rendre compte. Quand Roulier arrivera avec sa mission il en sera immédiatement informé.

A. - Auront-ils des pouvoirs de mise en place ?

M. - Non, mais étant donné que les décisions du décret sont des décisions impératives, il faut qu’ils obtiennent la mise en place du dispositif, pour que quand le délégué militaire arrive le travail soit à peu près fait.

A. - Ils se trouveront en face de qui ?

M. - Le problème est le suivant. Nous avons d’une part la décision du COMIDAC du 10 mars, d’autre part la décision du Cté Central du 1er février.

Ce qui existe des organismes prévus, nous n’en savons rien. Ce que nous pouvons penser, c’est que la création de l’Etat-Major des F.F.I. n’est pas accomplie. On en est probablement au stade primaire : deux organismes doivent exister –La Commission d’Action et un embryon de l’Etat-Major National.

A. - En tout cas le Comité National Militaire doit exister, car des documents sont arrivés à Alger, par l’Espagne, signés par les quatre membres.

M. - Ce sont toujours les mêmes personnes, membres d’autres organisations qui se regroupent sous d’autres appellations.

A. - On les connaît. Il y a eu suppression du Cté Militaire zone Sud et organisation d’un Comité Central. Les notes étaient signées par les quatre membres du Comité Militaire National :

  • Marbot pour F.T.P.
  • Murat pour Z.N.
  • Pontcarral pour Z .S.
  • Rival pour O.R.A.

J’ai apporté au Comité d’Action des notes signées par ces quatre personnes. L’idée de faire un Cté National de quatre membres était vue d’un bon œil par le Cté d’Action. On envisageait simplement de prendre des mesures de sécurité en ce qui concerne Murat.

M. - La « sécurité » s’en est chargée.

A. - Quelqu’un sera t-il accrédité pour prendre l’intérim du Délégué Militaire auprès du Cté National ? Je suppose Sapeur ?

M. - L’intérim du délégué zone Nord – Sapeur, pour la zone sud – Polygone. On prévoit la réunion de 8 personnes, les quatre membres, les deux intérimaires, le Colonel Lefèvre et le Cdt. Lhortois, à qui nous avons demandé de faire part du décret et de commenter les décisions du COMIDAC .

A. - Ceci une fois fait, quel est le complément de mission du Colonel Lefèvre et du Cdt. Lhortois ?

M. - Ceci une fois fait, le Cdt. Lhortois devient adjoint de Sapeur, ce qui permettra à Sapeur de s’occuper davantage de sa zone. Nous avons proposé au Colonel Lefèvre de devenir adjoint de la zone sud. Le colonel Lefèvre a refusé disant qu’il ne pouvait pas vis-à-vis de ses camarades accepter une nomination due uniquement à son voyage à Londres. Mais si ses camarades l’acceptent, il nous câblera et deviendra adjoint zone sud. Polygone devient le chef de la région R-1.

A. - Il y a-t-il en ce moment un intérimaire en R-1 ?

M. - On a nommé quelqu’un, qui est un sergent, quelqu’un qui ne convient pas du tout, c’est un type épatant, mais il a une mentalité de sous-officier.

A. - Cela se fera d’après vous sans heurts et sans soulever de difficultés ?

M. - Comme il ne s’agit que d’intérim, il n’y a aucune raison pour que cela soulève des difficultés. Personne ne pourrait blâmer ces décisions.

A. - Alors, en somme, la mission consiste surtout à imposer les décisions prises par le décret du 10 mars et préparer le travail en vue de l’arrivée du Délégué Militaire.

P. - Un point qui n’a pas été soulevé, c’est celui du Colonel Viatte qui vient d’arriver, et qui déchargera Sapeur, lequel est chargé d’un plan auquel les Alliés attachent le plus grand prix.

A. - Je me permets de vous conseiller de ne pas laisser le pauvre Colonel Viatte, qui ne connaît pas du tout ou qui connaît mal les questions de la résistance, de prendre la succession de Sapeur d’un jour à l’autre ou dans huit jours, Sapeur repartant tout de suite, ce qui pourrait mener à des catastrophes.

M. - Mais d’un côté il y aura Sapeur qui continuera à assister le Colonel, d’un autre côté il y aura Lhortois, Lhortois reste comme adjoint, il peut y avoir une distribution (des tâches).

A. - Est-ce ce mois-ci ou le mois prochain ?

M. - Pas pour ce mois.

A. - Il ne reste de la mission que son aspect Rachet. Et je voudrais vous indiquer une chose. Le Général de Gaulle a pris la décision formelle. Il désire que cette mission double ait une priorité absolue sur toutes les autres missions. J’ai demandé donc que Rachet soit acheminé dans les plus brefs délais. Ce qui m’inquiète un peu c’est que la demande de papiers a été faite il y a neuf jours, et que Rachet n’a pas encore ses papiers. On doit pouvoir arriver à obtenir des papiers en neuf jours.

M. - Il s’est produit un impair, dont vous et moi nous sommes partiellement responsables. Vous m’avez demandé que la mission Rachet soit tenue secrète et que seul Bonnal en soit informé. C’est Bonnal seul qui a été en contact avec Rachet. Il a fait la demande de papiers, les Britanniques ont poussé des cris au sujet de l’ordre de mission. Vous avez donné l’ordre de mission.

Hier à la suite de la demande que vous m’avez faite, je suis intervenu pour savoir où en étaient les papiers, j’ai vu qu’il y avait des difficultés, j’ai vu qu’ils ont fait passé Rachet à la sécurité, ce qu’ils font toujours. J’ai poussé des hurlements, j’ai eu un coup de téléphone avec Brook, et un autre avec Dissmore ; qui m’a dit qu’il y avait la mention Sécurité. Alors j’ai envoyé Dissmore à ??? pour qu’il lui donne tous apaisements en ce qui concerne Rachet.

A. - Qu’est ce que c’est cette question de sécurité, c’est nouveau.

M. - Tous les agents doivent passer par M.I.5 qui n’a rien à voir avec M.I.6.

A. - C’est nouveau ?

M. - Non, vous-même, vous y êtes passé, sans le savoir. Votre nom avait été donné.

Et ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai dit à Dissmore que Rachet est le Lucien qu’ils connaissaient depuis toujours. Le véto sera levé, nous allons procéder très rapidement.

A. - Combien de temps vous entendez ?

M. - 3/4 jours.

A. - Alors, si l’opération est prête, il ne partira pas.

M. - Nous avons une seconde opération.

A. - Je crois que le Général déplorera beaucoup qu’on ne soit pas parvenu à le faire partir.

M. - Il y a une part de responsabilité, que j’assume, et que j’ai assumé en quelque sorte en suivant votre demande. Nous n’avons pas suivi la filière normale et nous avons eu tort.

A. - Ce que je vous ai dit, c’est qu’il faut comme pour toutes les missions spéciales que le moins de gens possibles soient avisés.

M. - S’il y a une opération demain ; est-ce qu’il y a une chance pour qu’il parte demain.

MM. - Je vais voir ce qu’ils ont dit.

A. - L’établissement matériel des papiers ne va pas se prolonger ?

MM. - Je crois qu’il faut compter 2/3 jours.

A. - On ne peut pas les faire chez vous ?

M. - Nous n’en avons pas les moyens.

M. - S’il y avait des catastrophes, il pourrait partir en parachute.

A. - J’y ai pensé, mais Rachet a eu le genou déboité, je l’ai envoyé aujourd’hui voir un médecin, qui a dit qu’il ne le conseillait pas.

M. - (Nous aurons également une) opération maritime, nous n’en aurons pas mais le S.O.E. en aura et ils le prendraient.

Enfin il est possible que nous ayons une opération R. fin de la lune ? ; et nous pourrons le prendre. Il y a une erreur j’en prends l’entière responsabilité.

A. - En somme, tout ce que nous prenons c’est la décision de faire l’impossible pour le faire partir.


A. - Pour la substance même de la mission.

Au cours de l’entretien que Rachet a eu aujourd’hui avec le Colonel Passy, un certain nombre de points ont été soulevés sur cette question elle-même. Ce que je voudrais c’est voir les points sur lesquels nous pourrions ne pas être d’accord, ou sur lesquels il y a des doutes.

Ils pourront après être tranchés par le Cté d’Action, et le Cté d’Action sera saisi de ces questions puisque je repars à Alger d’ici quelques jours.

Voici l’ordre de mission. Je ne m’attarderai pas sur les points qui concernent uniquement la mission civile. Il faut voir les points qui comportent une collaboration avec les délégués militaires.

M. - Il y a simplement la possibilité de certaines incidences du militaire et du civil.

D’ailleurs, nous devrions avoir une copie de cet ordre de missions.

A. - Vous ne l’avez pas eu par Soustelle ?

P. - Je ne l’ai jamais vu.

A. - Cependant

A. - Alors vous devez en avoir un, pourrais-je avoir un double de l’ordre de mission de Boulier.

M. - Nous ne l’avons pas, c’est le Colonel Passy qui a le seul exemplaire.

P. - Je l’enverrai.

A. - Article 1 et 2 ne traitent que de questions civiles. Article 3. « D’accord avec le représentant militaire, il assurera par l’intermédiaire des Services Spéciaux les transmissions propres entre le Délégué Général, les délégués de zone et le C.N.R. d’une part, et le Commissaire à l’Intérieur, d’autre part, agissant pour le Cté d’Action. Article qui peut paraître ambigu et difficile à appliquer.

P. - (après avoir pris connaissance du texte encore une fois) Le Délégué Général, il s’agit du Délégué Civil ?

A. - Dans l’esprit du Général de Gaulle, le Bureau du C.N.R. Il faut dire à la charge de Cléante, que Cléante est assez verbeux, les Militaires de leur côté ont tendance à considérer que le civil encombre le trafic, la réforme de l’Etat, la nomination des Commissaires de la République, etc. ne l’intéressent pas beaucoup, et que les civils les empêchent de travailler, il y a une certaine concurrence entre le trafic militaire et le trafic civil. Le Général était désireux que l’on puisse assurer un petit bloc de transmissions, qui sera le bloc C.N.R. et ses délégués de zone, qui soit spécialisé dans le trafic civil.

P. - J’ai pris un certain nombre de mesures de deux ordres. J’ai préparé une mission Praxytèle, qui avait pour but de fournir à Cléante un certain nombre de postes de radio et d’opérateurs, elle partira d’Alger et sera affectée uniquement au trafic civil. J’ai préparé une autre qui partira de Londres, pour établir autant que possible un ou deux centres de transmissions, un qui reste dans la région de Lyon, l’autre dans la région de Paris. Je ne sais pas où en est la question de matériel, les opérateurs, je crois sont en place. Latin a reçu des instructions. Par conséquent, tout doit pouvoir marcher.

A. - C’est une question de postes à ondes.

P. - Oronte a reçu toutes les instructions nécessaires à ce sujet.

A. - Voulez-vous m’envoyer une petite note la dessus.

P. - (acquiesce)

A. - Cet ordre de mission, établi par Soustelle et moi-même, et revu par le Général de Gaulle, j’ai demandé à Soustelle de vous le faire connaître.

M. & P. - Jamais reçu. Nous n’avons pas eu de valise.

A. - Mais comment, je reçois tous les deux jours des lettres par la valise.

M. - Pour les documents très secrets, nous ne nous servons pas de la valise diplomatique. Il nous faut un courrier.

P. - L’état des choses, au point de vue des transmissions...

A. - Une chose que je voudrais savoir avec précision, Praxytèle, il lui a bien été dit, que la mission Praxytèle n’était pas à la disposition d’Oronte, mais des délégués, Cléante et Oronte ?

P. - Elle doit être affectée au C.N.R. Mais elle va être envoyée par Polygone sur Cléante. Cléante a les caractéristiques techniques pour pouvoir la faire démarrer. Une chose très importante il faut qu’il opère avec Lattin. Oronte verra Lattin et Cléante, ensemble ils le mettront sur pied et en marche. Il est prévu qu’il y aura un double dispositif, un à Lyon et l’autre à Paris, travaillant avec Alger.

Rachet - Londres ou Alger ?

P. - Alger, notre centrale.

A. - Mais Soustelle m’avait dit qu’on était à peu près sans espoir.

P. - J’ai rattrapé la chose, et j’ai eu gain de cause, après une discussion assez violente.

P. - Praxytèle part avec les tris postes, postes français, fournis par les Américains, les Anglais servent d’intermédiaires et ne savent pas ce qu’il y a dedans. Ils sont acheminés sur B.2. Polygone, qui les achemine sur Cléante, Cléante prend contact avec Oronte, dès qu’il en a connaissance, prévient Lattin. Lattin les met en place, dès qu’on a obtenu la mise en marche technique, on essaye de les utiliser aux deux centres, un à Paris et l’autre à Lyon. Une fois que la chose sera faite, ...

A. - Avez-vous l’impression que cette batterie de trois postes sera suffisante pour détourner tout le trafic Cléante.

P. - Oui.

A. - Ils pourront soulager Cléante, mais Cléante aura t-il la possibilité de continuer à se servir du trafic militaire si l’autre était insuffisant ou cela ne marchait pas très bien.

P. - Oui. En ce qui concerne les liaisons, j’ai fait un certain nombre d’efforts et j’ai câblé à Cléante fin février début mars lui indiquant que j’étais prêt à aller chercher en France dans un triangle Perpignan / Pau / Toulouse, tous les courriers civils qu’il pourrait nous envoyer, et qui seraient acheminés en 10 jours. Sophie a vu le câble en France et je n’ai jamais eu de réponse.

A. - Ces efforts très intéressants, devraient être communiqués au C.I. Je n’en fait pas une question personnelle, mais voulez-vous me faire une note la dessus. Il m’arrive des messagers d’Espagne, qui me disent on ne fait rien, pour nous, si j’avais été au courant de cette affaire j’aurais pu leur répondre : non, ce n’est pas vrai, nous faisons cela et cela, et nous avons tels projets.

P. - Ceci est fait indépendamment de la base de Londres. Je l’ai fait moi-même à Alger, et j’ai remis une note à Soustelle.

A. - Je demanderai la note à Soustelle.

P. - Il y aurait intérêt que Rachet soit muni d’un code sur Alger, code purement français, qui correspondrait à celui de notre centrale.

A. - Mais il y a des choses qui intéressent Londres plus directement ; il faudra faire une discrimination. Pas la peine de s’étendre, nous ferons une conférence pour dire à Cléante quelles sont les choses à envoyer à Alger, et celles à Londres.

P. - Il faudra dire à Cléante qu’au début, ils fassent passer les documents très secrets par les Anglais, mais que par l’Espagne, ils envoient des rapports généraux qui ne compromettent personne.

A. - Mais je parle de transmissions et non de liaisons. Les services à Alger sont-ils aménagés pour assimiler ces papiers ?

P. - Le Colonel Jousse à qui j’ai demandé au préalable s’il était capable de l’assimiler, m’a garanti que ces services pourront le faire. Je fais des réserves.

A. - Vous savez qu’en France, ils font très souvent des courriers en double. Ils peuvent au début pour les choses importantes envoyer le double sur Londres, et un double sur Alger, ce qui donne toute sécurité. C’est une question d’organisation intérieure.

P. - Dans le cas où ils ne le pourraient pas, il a été prévu que le courrier militaire serait répercuté directement sur Londres dans les délais de 5 à 6 jours. S’ils se trouvent juste avant la lune on peut demander la même chose pour les courriers civiles.

A. - Est-ce que vous avez un espoir pour la liaison Corse / Sud de la France dans les conditions où on vous l’a demandée ?

P. - J’ai deux catégories de résultats, d’abord les opérations maritimes ; nous en avons tenté une qui n’a pas réussi, nous espérons néanmoins en faire tous les 15 jours. A R.2. nous avons une équipe. R.3. nous voulons en mettre une.

A. - C’est le projet de liaison par ondes ?

P. - Non, liaisons aériennes, j’ai réussi près de nombreuses tractations d’obtenir deux Lysanders, qui opéreront avec nos pilotes. De plus une escadrille anglaise de quatre appareils se sont engagés de faire des opérations pour nous. Nous manquons d’opérateurs qualifiés, ondes extra courtes, l’opérateur est en France, son matériel doit partir ce soir ou demain, ce qui nous a retardé, c’est l’installation de la cabine en Corse qui n’a pas pu être installée à cause du gèle. J’ai envoyé Panier qui doit s’occuper de la chose.

A. - Est-ce la même chose que Oudinot ?

P. - Non pas du tout. C’est une transmission normale à ondes courtes.

A. - Et Rayon est-ce arrangé aussi ? C’est les communications par rayon infra rouges, de Boulogne à ici.

M. & P. - Connaissons pas...

A. - Je l’ai exposé à quelqu’un de chez vous, si ce n’est pas à vous, Manuel, cela doit être à Vallois. Il existe un matériel en France qu’avait l’armée française, matériel de communication au moyen de rayons infra-rouges, c’est un matériel de réception et d’émission, et l’un des opérateurs, nous l’appelions Rayon avait demandé de venir à Londres avec un matériel de réception de manière à pouvoir faire des essais, cette question est restée en suspens, c’est pour cela que j’ai demandé une priorité pour Rayon, de toute façon c’est un excellent technicien.

P. - Je ne suis pas du tout au courant, le matériel dont je parle ce sont des postes Martinot. Le matériel Martinot est capable de faire de même, mais nous asseyons avec la Corse, les Anglais dont en train de nous construire des appareils Martinot, c’est pratiquement indétectable.

A. - Article 5. – « D’accord avec le représentant militaire de la Mission Clé, il assurera la normalisation des rapports entre l’organisation civile et l’organisation militaire, en application des décisions prises au Comité d’Action le 10 mars 1944, qui régissent les relations des différents délégués sous l’autorité du délégué général du Comité Français d la Libération Nationale. »

Cet article ne me paraît pas offrir de grandes difficultés. Le C.N.R. –patron du Comité Militaire- pousse par son autorité à l’application du décret du 10 mars. Les civils doivent faire pression sur les militaires pour qu’ils adoptent les thèses du Comité d’Action. Je crois qu’il n’y a rien d’autre à dire. M. Boris ?

B. - Non, je crois que c’est assez clair.

M.P. - (silence)

A. - L’idée qui est assez vaine en ce moment, puisque vous n’avez pas de délégué militaire, l’idée du Général de Gaulle et de la résistance était d’avoir autour du délégué général un pool de délégués qui se partagent les tâches et dans ce pool le délégué militaire était appelé à donner son avis pour les questions militaires.

Acquiescement du Colonel Passy.

A. - Article 6. – Il s’assurera, d’accord avec le représentant militaire que toutes les décisions de structure civiles et militaires sont prises en consultation (on avait commencé par mettre en « accord » et puis on a changé en « consultation ») avec les organismes directeurs de la Résistance et sont mises à exécution avant le terme de la mission. »

Une mission d’information somme toute, pour s’assurer que la commission militaire a été mise sur pied, qu’elle fonctionne, etc... pour pouvoir dire : soit les organismes de la résistance ont prêté leur appui, il n’y a pas eu de difficultés, ou bien il y a commencement de difficultés parce que... etc...

Article 7. – Il s’assurera, d’accord avec le représentant Militaire de la Mission Clé et avec les délégués de zones et les organismes directeurs de la Résistance, de l’unification de la résistance à l’échelon régional.

C’est une des questions soulevées par le Colonel Passy ce matin. Y a-t-il ou non des chefs civils et sont-ils les patrons ou non ? D’abord dans la zone sud, que ce soit bien ou mal, les faits sont les suivants : Il y a six chefs de régions connus et sui sont souvent appelés à être les Commissaires de la République, et qui sont les chefs -les patrons- de tout ce qu’il y a dans la région, que ce soit le NAP, les mouvements, les Maquis. C’est un fait dans la zone sud. Ils ont comme adjoint un chef de région militaire, qui était de mon temps para-militaire, qui est devenu maintenant, peut-être, un chef de région militaire pour l’action immédiate. Voici où en est la structure dans la zone sud.

M. - Je vous arrête là. D’après les rapports que nous avons et les dires des derniers arrivants, cette structure n’existe pas exactement comme vous la définissez. L’autorité des chefs régionaux est très contestée par certains mouvements, sauf dans certaines régions il y a des compétitions assez fortes.

A. - Parmi quels mouvements ?

M. - Mais, Francs-tireurs, Combat Libération. Le Colonel Lefèvre peut vous le dire.

L. - Surtout en R-1 il y a pas mal de difficultés ; en R-2 moins peut-être, bien que certains télégrammes soient troublants ; R-3 et R-4 c’est moins nette ; R-5 et R-6 il ne semble pas.

A. - Tout de même, s’il y avait des difficultés graves, Claudius, Frénay et moi, serions les premiers à en être avertis, j’aimerais connaître les indices que vous avez, je voudrais voir les textes. J’ai fait en septembre une tournée dans les régions. Je sais qu’en septembre, par exemple l’autorité de Vergnaud à Limoges était absolument incontestée.

P. - Ce n’est pas du tout la base de ma remarque de ce matin. Ce n’est pas la subordination du militaire civil que je conteste. L’observation que j’ai faite à Rachet concernait l’utilisation tactique des moyens militaires.

A. - Dans ce domaine, nous sommes tout à fait d’accord.

P. - Que le chef militaire, qui n’a que des fonctions militaires soit placé comme adjoint du chef civil c’est d’accord, mais il ne peut pas lui être subordonné pour des questions tactiques. Lorsqu’il s’agit de la répartition des armes, ce n’est pas au chef civil à faire répartition des armes, sa mission consiste à vérifier que la répartition des armes faite par le chef militaire ne correspond pas à des préjugés politiques, qu’il ne favorise pas tel ou tel autre mouvement à cause de ses tendances politiques, c’est tout. C’est le chef militaire qui est responsable de la répartition.

A. - Je crois que le chef de région civil doit avoir à connaître du détail de distribution des armes, proportion allouée aux Maquis, à l’action immédiate, etc...

P. - Il doit avoir à en connaître à cause des incidences politiques.

R. - Si le chef militaire est subordonné au chef civil, il va de soi que c’est lui qui dit au chef militaire combien d’armes il faut attribuer à chacun des organismes.

P. - Non, ce n’est pas comme cela. Le chef civil a à en connaître et à demander que la répartition se fasse équitablement.

R. - S’il est subordonné la question est réglée.

A. - Je crois que le Colonel Passy prend une position qui est la seule possible. Ce qu’il faut c’est que le chef civil, quand il existe, soit un arbitre entre les communistes, l’armée de l’armistice, les mouvements unis, etc... il doit s’assurer justement en sa qualité d’arbitre qu’il n’existe pas de favoritisme, il doit pouvoir nous envoyer un rapport disant que dans telle région le F.N. ou Libération ne reçoivent pas d’armes ou reçoivent toutes les armes, alors qu’ils existent d’autres groupes non catalogués mais réels qui n’en reçoivent pas.

P. - Tout à fait d’accord.

A. - Le chef civil est l’administrateur de sa région, il administre la région, les Maquis, les groupes francs, etc... Il leur donne les budgets, il distribue l’argent aux organismes para-militaires, pour l’action immédiate. Il se fait présenter des rapports pour savoir comment marche la région. S’il a l’impression que les Maquis sont gonflés d’armes et que les groupes francs très mal armés, il redevient l’arbitre, il réclame, disant il faut armer les ouvriers. (Les Maquis reçoivent les 5/7 maintenant) cette proportion pourra être modifiée, il ne se mêle pas des questions tactiques, mais il peut demander que dorénavant un certain nombre d’armes soient affecté à des groupes francs.

P. - Il y a une incidence qu’il faut signaler. Les armes sont données par les anglais pour des fins déterminées. Nous ne pourrons pas donner l’initiative au chef civil de bouleverser la distribution des armes. Il faut que le Comité d’Action soit consulté, si nous voulons éviter des difficultés en France et aussi avec les Anglais. Toute modification doit faire l’objet d’un compte-rendu et d’une décision d’ici.

A. - C’est le problème de la connaissance et non de la direction. Il faut que je puisse connaître les noms des délégués militaires. Il faut que les chefs civils puissent nous aviser et aviser les services spéciaux s’il y a conflit, conflit qui serait tranché par le Comité d’Action.

P. - Il est évident que le chef militaire lui rendra compte dans les grandes lignes, mais il ne faut pas qu’il s’occupe de la mise en place.

A. - Le Délégué militaire n’a pas à mettre en place, mais s’assurer de la mise en place, c’est très important. Il ne s’agit pas qu’il dise c’est ce type là qu’il faut nommer pour telle région, mais qu’il veille à ce que ne se crée pas par des nominations hasardeuses une résistance artificielle. Généralement le chef civil et le chef militaire sont plus liés entre eux, (à moins qu’il existe une bise-bise complète) qu’avec les délégués généraux respectifs. Ils seront tous les deux d’avis de dire au Délégué Général ‘c’est impossible nous voulons une modification dans tel ou tel sens... »

M. - Il y a des ordres impératifs, de donner la priorité aux maquis tout au moins jusqu’à ce qu’ils ne soient saturés.

A. - Je suis désolé de n’avoir pas été avisé.

M. - Non, Bernard, cela s’est passé devant vous chez Lord Selborne. Il a été décidé que le S.O.E. donnera toute priorité aux maquis, puis au Plan Vert.

A. - Non, Churchill a dit que d’ici 200 opérations partiront pour les Maquis proprement dits, mais les autres opération S.O.E. n’étaient pas en priorité pour les Maquis. Churchill a été opposé aux opérations dans le Nord à ce moment. Ce que je voudrais savoir, c’est s’il est possible à l’heure actuelle aux militaires français, au Général Koënig et à son chef d’Etat-Major, ou à Diethelm, s’il voulait s’en occuper, de fournir un état de l’armement de la résistance française, tel que la réclament les Français.

P. - Cela fait l’objet des études 1, 2, 3, et 4, ces études sont au Comité d’Action et au Comité de la Défense Nationale. Vous avez du les voir à Alger.

A. - En effet, j’ai vu les livres (ce sont les trois gros bouquins), malheureusement, je n’ai pas eu le temps de les étudier.

M. - D’abord, une priorité aux Maquis, puis le Plan Vert, cela correspond exactement aux thèses du Général d’Astier « donnez nous des directives et elles seront exécutées ».

A. - Un courant existe en France qui nous échappe, je suis assez choqué que personne n’ait défendu l’action immédiate. Je fais étudier par M. Meyer une liste des objectifs pour l’action immédiate. Meyer prépare un dossier qui va être signé par le Cté d’Action, en consultation avec les Anglais, et sera répercuté par l’intermédiaire du B.C.R.A. Un dossier a été transmis par le Général Giraud aux Services Spéciaux. Le C.F.L.N. a étudié ces questions en séance plénière et j’ai obtenu qu’on prenne la décision au Comité de poursuivre la destruction des locomotives, pour faire ces actions immédiates on ne peut pas compter sur les maquis. Dans un des derniers courriers, j’ai reçu le compte-rendu des groupes francs du Sud. Rave ?? qui a 300 ou 400 hommes attaque tous les jours, les transformateurs, les chemins de fer, etc... Il faut un certain nombre d’armes, modeste d’ailleurs, pour ces gens-là.

M. - Dans les priorités accordées, Lord Selborne a fait siennes, les thèses des travaux faits par le Général d’Astier, c’est exactement ses théories qui sont appliquées, nos projets qui sont adoptés.

A. - Pour ces questions il faudrait consulter Boris ou moi-même, nous avons toujours dit qu’il doit y avoir une priorité dans l’armement de l’action immédiate. Cela avait été entendu.

M. - Je suis persuadé que cela a été appliqué, puisque nous n’avons jamais eu de plaintes à ce sujet.

L. - En R-4 il n’y a pas de maquis.

M. - La proportion réservée à l’action immédiate est jusqu’à nouvel ordre de 2/7 (deux containers sur 7). Nous l’avons donnée autrefois elle est maintenue pour la commodité, mais il est bien entendu qu’aussitôt que les groupes francs auront leur plein, elle sera modifiée. L’action immédiate est considérée comme une action de première priorité.

M. - Il faut ajouter que l’action immédiate sur les objectifs indiqués par Londres a priorité sur l’action immédiate spontanée. J’ai obtenu qu’on ne supprime pas des objectifs, afin qu’on ne nous taxe pas de pacifistes, mais pour empêcher que ces objectifs soient attaqués, qu’on leur donne un très grand nombre d’objectifs à attaquer d’abord. On leur donne des choses difficiles et nombreuses pour qu’ils ne fassent pas autre chose.

P. - Jusqu’à présent on ne leur a donné que des grands objectifs, poudreries, distilleries, il existe également une autre série d’objectifs qui peuvent être détruits au sol.

A. - On va ajouter aux objectifs indiqués, les locomotives, les plaques tournantes, les transformateurs jusqu’à 5.000 volts. (Colonel Passy rectifie 5.500 volts) pas les grands dont la destruction risque d’amener une interruption très grande de l’économie.

A. - En somme nous avons bien vidé la question.

R. - La question se pose là où il n’y a pas de délégué militaire, l’officier des opérations les remets au chef de la région ?

P. - En aucun cas, les armes restent entre les mains de l’officier d’opérations.

R. - Le Général de Gaulle a insisté sur ce point.

M. - L’autre jour nous avons envoyé un télégramme à Cléante demandant d’accuser réception des ordres de ne pas stocker les armes, de nous donner des faits, des précisions. Nous n’avons jamais reçu de réponse.

A. - Je vous ai donné une précision, il y a un rapport l’Arnolphe arrivé dans mon courrier personnel, qui relate que la mission Varlain, quand elle a voulu faire son coup, coup préparé par vous, s’est adressée au type qui donnait les armes, et que le type a refusé de donner les armes nécessaires. Il a fallu une intervention véhémente pour qu’elle puisse faire son coup contre l’usine.

M. - Cela m’étonne, jamais Varlain, avec qui nous sommes en rapports, n’a fait la moindre allusion à cette situation.

A. - Je crois d’ailleurs que l’article sur les armes que j’ai demandé au Général de Gaulle de mettre dans l’ordre de mission de Roulier, est-ce qu’on ne pourrait pas l’extraire et le donner au Colonel Lefèvre, de même que je le donnerai à Rachet, pour que tous nos organismes en France sachent que le Comité d’Action veut que les armes soient distribuées et non stockées.

M. - Vous avez probablement préparé des télégrammes au sujet de la mission, il ne faudrait pas que Rachet dise à Cléante des choses contradictoires à celles que votre délégué dira aux chefs militaires. Si les choses marchaient entre nous comme elles auraient dû marcher, et comme je souhaitent qu’elles marchent, nous aurions vous et nous, tout avantage à nous assurer du fait qu’il n’y aura aucune difficulté entre nos délégués.

A. - Vous me direz que ce ne sont pas les mêmes personnes qu’ils sont appelés à rencontrer, mais tout de même ils font tous partis d’un même cercle, qui se répètent les choses dites par les envoyés de Londres.

P. - Mais c’est bien pour cela que j’ai préconisé la réunion d’aujourd’hui

A. - Il y a eu matière à des télégrammes sur cette question là ?

M. - Il y a eu matière à dire qu’il y a un certain nombre d’informateurs qui vendront leur commenter les décisions du Cté d’Action, et que ces décisions sont impératives.

P. - Ce que je propose c’est que le Colonel Lefèvre voit en premier lieu le délégué général.

A. - Il faudra tenir compte que la mise en place de la délégation générale sera une grosse affaire. (Si Quartus refuse, cela prendra plusieurs jours, les hommes qui seront approchés voudront demander l’avis de leurs camarades, ils enverront des télégrammes à Alger, à d’Astier, pendant ce temps là il y aura une situation de fait, c’est Cléante. Ce qu’il faudrait donc c’est une petite conférence entre Cléante et Oronte, (ou Cléante et Oronte) et les 5, 5 au maximum, sous réserve que Oronte soit là. Savez-vous s’il est arrivé ?

P. ou M. – On croit savoir qu’il est arrivé, c’est Gausse qui l’a vu.

A. - Si le délégué général tarde d’être mis en place, pendant les 10 ou 15 jours d’intérim, la délégation générale est assurée par Cléante, et c’est lui qui serait considéré comme arbitre. Il faut bien vous dire que la présence de Cléante est plus importante que celle d’Oronte, étant donné qu’il vient d’arriver. Donc une réunion Cléante, Rachet, Col. Lefèvre et Cdt. Lortois.

L’article parle de l’unification de la résistance à l’échelon régional. Dans l’esprit du Général de Gaulle quand il en parle, le Général ne s’intéresse pas à la division entre le civil et le militaire, il considère que tout le monde est civil et a des fins militaires. Ce qu’il souhaite et ce que nous souhaitons, c’est qu’un homme qu’il soit en képi ou sans képi, mais issu de la résistance, soit à la tête de la résistance et si j’ai souhaité que ce soit un civil dans la zone sud, c’est parce que généralement les civils ont certains avantages sur les militaires, mais ce qu’il faut avant tout c’est qu’il y ait un chef dans la région reconnu par le plus grand nombre possible de mouvements ou groupements.

P. - Il n’y a pas d’objections de principe, il peut y avoir des régions où ce sera le même homme, puisque après tout ils sont soumis au Bureau permanent du C.N.R. en dernière instance les militaires sont soumis aux délégués.

A. - Alors là il n’y a pas d’ombre dans le tableau.

A. - Article VIII – « Il étudiera, en accord avec le représentant militaire, les problèmes de liaison du Comité Militaire National avec les grands services publics, en vue d’obtenir le concours de ceux-ci, tant sur le plan de l’action immédiate que pour la préparation du jour J. »

M. - C’est précisé davantage dans le décret du 10 mars, le délégué est chargé des contacts avec les grands services publics et d’étudier avec eux les sabotages scientifiques.

P. - C’est un des points les plus difficiles, c’est le rôle des délégués militaires de zones.

A. - Cela n’implique pas que le NAP passe sous l’autorité militaire.

P. - Absolument pas.

A. - Cela signifie qu’ils doivent passer par l’intermédiaire du NAP. Dans le cas de sabotage, il fait que l’ordre de sabotage soit donné par les militaires, mais que la liaison entre les grands services publics et les délégués militaires de sones, et éventuellement le délégué militaire national soient établis par l’intermédiaire de l’organisme NAP ;

P. - Il est difficile de dire aux militaires d’approcher NAP et non des gens des Eaux, Gaz Electricité ? Le NAP transmet aux personnes les plus sûres. J’avais proposé seulement que sur convocation du Cté Militaire, un élément qualifié au NAP puisse assister au Cté Militaire ??? Je vous donne un exemple, quand j’ai été en France, j’ai rencontré un garçon que je connaissais à X, par lui j’aurais pu faire couper les 74 postes souterrains de transformateurs, il suffisait que je lui donne un signal, et ils étaient coupés. Je ne suis pas passé par le NAP, on ne peut pas interdire cela à un militaire. Il a des tas d’amis dans les grands services publics.

A. - Mais cela risque de provoquer la bagarre, et pour l’éviter il faut que chaque fois qu’il y a des questions très importantes il signale au NAP qu’il a des moyens personnels pour accomplir telle ou telle chose. Et il faut que cela soit fait en accord, les militaires fournissent l’objectif, le NAP fournit les éléments du travail.

P. - Les liaisons avec les Grands Services Publics, et par les Grands Services Publics j’entends en particulier, la direction des Chemins de Fer, des transports en commun, le haut personnel de l’Electricité, des usines à Gaz, les lignes souterraines à grandes distances, le syndic des cheminots, (en organisant des déraillements de chemins de fer, qui seront attaqués après par des groupes francs), ces liaisons sont prises par l’intermédiaire de NAP, ou en accord avec lui.

R. - En ce qui concerne le stockage d’armes. Vous avez donné des instructions pour la remise des armes aux délégués militaires régionaux qui eux ont reçu les ordres de les distribuer. Il ne doit plus avoir d’armes stockées. Mais s’il en restait, vous les faites donner immédiatement sur l’ordre du délégué militaire régional.

P. - C’est le chef militaire de région qui reçoit les armes, reçoit les objectifs et les répartis. Dans le cas de contestation pour la distribution, il s’adresse ici. Il commence par essayer de s’accommoder. Mais si cela correspond à une modification dans la politique de la distribution des armes, il faut que le Cté d’Action et le chef soient avertis.

R. - C’est ce qui se passe journellement avec F.N. qui rouspète qu’il ne reçoit pas d’armes. Ces réclamations iront immédiatement auprès du Comité.

M. - Le F.N. considère qu’il est le seul qui fait du travail et qu’il a seul le droit à avoir des armes.

A. - On a envoyé dans le Loir (R-2) des officiers d’Alger qui n’ont pas pris de contacts avec les mouvements de Résistance, ils ont pris des contacts avec l’Armée de l’Armistice, et c’est à eux qu’ils ont distribué les armes. A ce moment le chef des M.U.R. se plaint. S’il y avait eu unification de la résistance à l’échelon régional, le problème serait résolu. Du moment que le chef de région a sous ses ordres tous les éléments de la résistance, le problème est résolu. Le plus important est l’unification de la région. La structure civile peut être unifiée plus rapidement que la structure militaire, les F.T.P. qui sont très indépendants vis à vis du F.N. sont encore à part.

M. - Des mesures sont prises. Tous les officiers d’opérations rendent compte au chef de région des terrains existants qui fait un pool de tous les terrains quel qu’en soit l’origine.

Archives Nationales

Originaux

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