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Lettre de Lazare Rachline à Albert Jacquelin

Correspond à la page : 38

Note de l'auteur

Lettre à propos de la pièce de Jacquelin, "Une journée au Stalag", jugée très fidèle par Lazare Rachline.

Retranscription

16 mars 1942

Mon cher vieux,

J’ai, sous les yeux ta lettre du 11 et suis peiné de te savoir en bagarre avec ton pied droit. J’espère que c’est fini maintenant et que tu ne lui permettras pas de recommencer.

Merci pour tes bonnes paroles et pour ta dédicace si affectueuse et si pleine de sens pour moi qui ai vécu avec toi les longs mois de misère. Quand j’y réfléchis c’est grâce à des amitiés comme la nôtre, que la vie souvent si amère, reste encore supportable et qu’on en attend encore, malgré tout, en dépit de tout, des satisfactions dans le bonheur des siens, au milieu d’une bonne répartition du bonheur de tous.

J’ai lu et relu ton travail. Je ne veux ni te flatter, ni voir avec les yeux de l’amitié, mais je ne puis m’empêcher de te dire que ce que tu as fait est très bien.

Ta présentation est exacte et le contenu de cette « journée » est fidèle à tous égards. Bien entendu, tu as tenu compte de la situation que nous vivons, et si tu ne dis pas tout, du moins n’as-tu dit que des vérités, enveloppées dans une langue bienveillante et arrosées d’une bonne humeur indulgente.

Je suis heureux et fier de ce que tu as fait et je t’avoue ma déception de savoir que cela ne sera pas joué. Espérons que ce sera partie remise.

Nous prenons note de la date du 26 avril et nous nous faisons une joie de venir te retrouver avec ta charmante famille.

Suzanne va tout à fait bien maintenant et elle aussi a pris un vif plaisir à la lecture de ta « Journée ». Tu penses bien que je lui ai commentées (sic) les différents passages et pendant quelques instants elle a vécu avec nous derrière les fils de fer barbelés.

Notre pensée s’est naturellement portée vers tous ceux qui sont encore là-bas, nos bons amis et aussi son frère de qui nous avons des bonnes nouvelles mais qui commence à se faire vieux.

Les enfants nous écoutaient et posaient des tas de questions. C’est Qu’ils grandissent vite et quand tu les connaîtras, tu verras la différence avec les photos que j’avais la mauvaise habitude de sortir et de montrer à tous les instants de nos « journées » si longues et qui auraient été si tristes sans la fraternelle camaraderie qui nous a liés.

Originaux

Scan original de Lettre de Lazare Rachline à Albert Jacquelin Scan original de Lettre de Lazare Rachline à Albert Jacquelin