Lettre de Lazare Rachline à sa femme Suzanne - signée Lise
Correspond à la page : 149Note de l'auteur
Lettre codée qui parle de timbres espagnols, allusion évidente aux exfiltrations de résistants ou agents alliés par l'Espagne.Retranscription
Ma chère Alice,
J’espère que tout va bien chez toi et que les récents événements n’ont pas causé trop de bouleversements.
Ici, les choses vont à peu près bien. L’occupation se fait sans heurt, mais je crains qu'il faudra (sic) que beaucoup de gens soient obligés d’évacuer la côte.
Je vais toujours bien et, pour l’instant, je pense encore rester ici quelques temps. J’irai sans doute bientôt à Lyon et je te l’écrirai pour essayer de te rencontrer comme tu me l’avais dit, tu vas y passer quelques temps.
Je te remets encore deux timbres espagnols pour les enfants, c’est une collègue qui veut bien me les passer.
Nous avons eu le couvre-feu à 8 heures pendant trois jours, ce soir il aura lieu à 9h ½. C’était compréhensible à cause de l’arrivée des troupes. Sans doute cela va-t-il encore continuer à s’améliorer.
Le temps est très beau sauf le soir, il commence à faire froid.
Et chez toi ? Ecris-moi, cela me fera bien plaisir. As-tu des nouvelles de Sylvain ? Et de Jean Bal. ?
J’ai téléphoné à Simone pour avoir des nouvelles de sa belle-mère qui vient d’être opérée. Tout s’est paraît-il bien passé. Espérons que sa santé qui m’est chère, tu le sais, se rétablira bientôt. Je prie pour elle et pour vous tous. Si tu as des nouvelles, fais les moi connaître.
Je m’ennuie loin de toi, et je compte les jours qui semblent bien longs. Seules les années sont courtes et elles vont bien vite.
Pourtant, il nous en reste encore de nombreuses, qui nous paieront de ces trois dernières.
Cela est un réconfort, et un grand espoir.
Notre ami Bertrand doit être bien content d’être enfin délivré de cette maladie qui l’a tant fait souffrir. J’ai su par sa femme et celle de Georges combien ils sont heureux.
Réjouissons-nous aussi, car le bonheur de nos amis est également le nôtre.
Embrasse bien tendrement les enfants et leurs parents, tes beaux-parents, mes amitiés à Mademoiselle.
Je t’embrasse affectueusement.
Ta fidèle,
Lise.