Lettre de Lazare Rachline à sa femme Suzanne
Correspond aux pages : 82, 176Note de l'auteur
Lettre testament, à ne lire par sa destinataire que si l'auteur disparaissait. Datée du jour où Lazare Rachline s'apprête à partir de Londres pour Alger, où il recevra la mission Clé.Retranscription
Ma Suzon chérie,
Cette lettre ne t’est destinée que si tu ne me vois plus. Je veux te dire que tu m’as rendu heureux et que ma vie a été embellie par ton amour.
Jamais je n’ai aimé personne que toi et depuis huit mois que je t’ai quittée, je n’ai pensé qu’à toi et à nos enfants. Tu as été magnifique de dévouement, de compréhension et d’amour. Je n’ai pas cherché à quitter la vie. Elle me semblait trop belle malgré tout et la joie de te revoir, la seule qui compte, me dictait la voie à suivre.
Maintenant, n’en parlons plus. Mais ce qui compte pour moi, ce qui a toujours compté, ce sont nos enfants, c’est toi. Pleure-moi. L’amour que je te portais le mérite. Pleure et continue ta vie.
Mais les pleurs n’ont qu’un temps et la vie commande. Tu es jeune. Tu es belle.
Ne m’oublie pas tout à fait, mais vis, mais aime. Tu ne saurais choisir que ce que tu mérites. Sois heureuse encore et, d’avance, je le bénis et le désire.
Dis à mes enfants, à mes fils, l’homme que j’étais. Je crois que j’avais des défauts, mais j’ai toujours respecté mon devoir et mes idées.
L’honneur et l’honnêteté, la sincérité doivent toujours conduire leurs vies, comme ils ont conduit la mienne. Dieu n’aura pas permis que je sois leur conducteur, mais tu es une mère admirable et je les laisse en bonnes mains. Si je quitte cette terre, ma dernière pensée sera pour toi et pour eux. Console ma mère. Dis-lui que j’ai pensé à elle et que je me sens coupable envers elle. Elle me retrouvera le plus tard possible. Embrasse mes sœurs et mes neveux. Embrasse tes parents. Embrasse Simone et Vila . Mon frère, après toi, a été celui que j’aimais le plus.
Un jour, plus tard, nos âmes se réuniront. Lazare.