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Interview de Lazare Rachline dans la "Conscience des Juifs"

Correspond aux pages : 60, 61, 62

Note de l'auteur

n°2, janvier 1934, dir. Georges Zérapha

Retranscription

Interview de LR dans La Conscience des Juifs - janvier 1934

Une visite aux Literies L. et V. Rachline :

Je suis un partisan acharné du boycottage des produits allemands, aussi longtemps que les Juifs de ce pays n’auront pas été réintégrés dans la plénitude de leurs droits civils et politiques, et pour rendre ce boycottage effectif, je me suis imposé des sacrifices qui ont, souvent, été assez importants.

J’achetais en Allemagne du bronze aluminium en grosse quantité. Aussitôt qu’Hitler est arrivé au pouvoir, je me suis adressé à des maisons françaises pour remplacer mes fournisseurs allemands. Au début je payais beaucoup plus cher qu’en Allemagne, mais à force de recherches, je suis arrivé à obtenir des conditions à peu près équivalentes à celles que j’avais auparavant.

Il en est de même pour les embases en cuivre pour les lits. Sur mes indications, des usines françaises sont arrivées à les fabriquer à des prix sensiblement rapprochés à (sic) ceux pratiqués outre-Rhin. J’avais à faire, en avril dernier, l’acquisition d’une machine à faire des ressorts. L’Allemagne a la grande spécialité de ce genre de machines, qui ne se font pas dans notre pays.

Je me suis adressé aux Etats-Unis. Mais les prix que l’on me soumettait étaient prohibitifs.

Pendant plusieurs mois je suis resté sans acheter la machine en question, qui m’était pourtant indispensable, ce qui me mettait en posture défavorable vis-à-vis de ceux de mes concurrents qui n’hésitaient pas à acheter au pays d’Hitler. Tout récemment je suis arrivé à me mettre d’accord avec une maison suisse pour la fourniture de cette machine à un prix qui, bien qu’un peu plus élevé qu’en Allemagne, restait quand même pratiquable (sic).

Je suis sûr qu’en y mettant un peu de bonne volonté, on peut arriver à faire produire, soit en France, soit lorsque c’est impossible, à l’étranger, la plupart des produits, ou objets, que l’on avait coutume d’acheter en Allemagne, et cela à des prix sensiblement égaux, et à qualité quelque fois supérieure. Il faut simplement être imbu de cette idée : Je ne veux pas acheter à Hitler, il faut donc que je trouve ailleurs.

Si cela ne présentait aucune difficulté, nous n’aurions aucun mérite à boycotter.

Original

Scan original de Interview de Lazare Rachline dans la "Conscience des Juifs"