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Discours prononcé devant le Comité central de la LICA

Correspond aux pages : 78, 79, 80, 83

Note de l'auteur

Discours prononcé par Lazare Rachline lors du IXe congrès de la LICA, le 27 novembre 1938

Retranscription

Mes Chers Camarades,

Vous avez tous en mains le rapport, peu réjouissant d'ailleurs que j'ai établi au nom du Comité Central.

Vous avez pu constater que le travail que nous avons à faire est non seulement délicat, et requiert de nos personnes une attention de tous les instants, mais c'est un travail rempli de mélancolie dans lequel on fait parfois plus qu'on ne pourrait et pour lequel il nous est difficile de faire davantage.

Je ne veux pas vous lire entièrement le rapport, je veux cependant vous indiquer que depuis un an, depuis le dernier Congrès National, les événements que vous connaissez se sont précipités à une cadence telle que le nombre des personnes qui ne peuvent rester dans leur pays, et le nombre des personnes qui sont venues nous voir est tel qu'il nous est impossible de les recevoir tous, d'abord, et ensuite qu'il nous est impossible de leur donner satisfaction. La situation dans laquelle se trouvent aujourd'hui des milliers et des milliers de personnes est devenue plus que tragique.

Nous avons reçue, seulement depuis le mois de juin dernier, plus de mille personnes qui sont venues demander un asile, croyant que nous avions la possibilité de leur donner l'asile nécessaire. Dans la mesure où nous le pouvions – et cela n'a pas toujours été facile – nous avons essayé de leur donner satisfaction. Nous nous sommes souvent heurtés à un Ministre de l'Intérieur qui ne veut pas admettre l'état de choses existant à l'heure actuelle en Europe Centrale, nous nous sommes heurtés à une opinion publique qui n'était pas éclairée jusqu'à ces derniers jours, jusqu'au jour où le crime de GRYNZPAN a montré au monde la situation tragique de milliers et de milliers de juifs.

Je dois dire que c'est pour nous une sorte de fierté douloureuse que d'avoir obtenu, d'une part, l'audience auprès des services publics et d'avoir, d'autre part, réussi dans une mesure que nous voudrions bien plus considérable à faire rester en France des hommes et des femmes qui croyaient ne plus pouvoir y rester.

Est-il utile de vous dire que nous avons cherché par tous les moyens à intéresser à notre action les organisations de secours mutuel, et les organisations officielles juives. Est-il utile de rappeler que nous les avons sollicitées, que nous leur avons demandées d'assister à la LICA à une réunion que nous voulions préalable à une entente, et que cela n'a pas dépendu de la LICA que cela n'ait pas été réalisé…

Nous avons trouvé en face de nous ces Juifs dont je ne veux dire aucun mal mais qui étaient stigmatisés hier, avec combien de force, avec combien de puissance, par Léon BLUM, ces Juifs qui, à l'instar de celui qui donna un interview si retentissante dans Le MATIN, croyant ainsi assurer leur tranquillité personnelle ne veulent à aucun prix s'occuper des Juifs qui se trouvent en ce moment dans les pays comme l'Allemagne, comme l'ancienne Autriche, même comme la Tchécoslovaquie, et bientôt comme la POLOGNE, la HONGRIE et la TCHECOSLOVAQUIE.

Il faudrait à ces Juifs-là qu'on ne vienne pas leur parler de ces pauvres malheureux exilés, qui ne peuvent trouver d'autre asile pour l'instant qu'en France et qui sont déjà en France. Le problème est vaste et très important.

Nous savons bien qu'il y a en France comme dans le monde entier une crise économique terrible. Nous savons bien que les Français, comme les gens des autres pays, sont à ce point aujourd'hui privés dans ce qu'il y a d'humain dans leur être qu'ils ne peuvent accepter, alors qu'il sont eux-mêmes dans une situation difficile, que cette situation difficile soit partagée par de nombreux émigrés. Nous savons fort bien que de nombreux ouvriers français craignent, parfois à juste titre, la concurrence d'une main d'œuvre étrangère qui viendrait sur le sol français leur enlever la possibilité de travailler, c'est à dire de gagner leur pain.

Nous savons tout cela, mais comment ne pas nous remémorer les paroles sublimes prononcées hier soir par Léon BLUM, comment ne pas nous rappeler que ce sont des personnes qui ne peuvent vivre ailleurs, qui ne peuvent vivre aujourd'hui dans leurs pays, qui, lorsqu'elles sont arrivées en France, ne peuvent continuer à y rester, et qu'on chasse de notre pays.

Il ya des dizaine de milliers de Juifs polonais qui s'étaient installés en Allemagne, par exemple ont été (sic) les premières victimes des lois antisémites. Certains Juifs polonais étaient installés en Allemagne depuis vingt ou vingt-cinq ans et d'après la loi polonaise ils avaient perdu la nationalité polonaise. Beaucoup de ces Juifs sont venus en France, mais n'étant ni citoyen polonais, ni citoyen d'aucun pays, ils ne sont admis nulle part.

Nous avons demandé dans quel pays du monde les émigrés qui n'étaient plus acceptés en France pourraient enfin retrouver un asile. Aucun des pays auxquels nous nous sommes adressés ne nous a donné de solution possible. L'on se trouve devant ce spectacle à la fois lamentable et tragique : ces émigrés qui ne sont reçus dans aucun pax restent en France uniquement pour y faire de la prison. Ils sortent de prison pour refaire de la prison. Nous avons obtenu à grand peine que les services du ministère de l'Intérieur nous accordent parfois huit jours, parfois un délai pour des hommes dont on sait parfaitement bien qu'ils ne pourront jamais quitter la France mais dont on sait aussi que les décrets du deux mai 1938 les obligent et astreignent à faire de la prison, et après avoir fait de la prison, ils sont condamnés à cette relégation, comme les pires criminels, car on ne condamne plus les criminels.

Il faut qu'une solution soit trouvée à ce problème qui est peut-être le plus angoissant des problèmes.

A la LICA nous avons créé un service qui reçoit ces malheureux. Ce service est dirigé d'une manière admirable, avec un dévouement auquel je rends ici hommage par notre ami OTTO ROSENTSTRAUCH et par notre Camarade Madame FOUX. On fait à ce service des efforts pour essayer de donner aux uns comme aux autres satisfaction. Il y a certainement dans ce Congrès des Camarades qui nous ont envoyé des amis. Qu'ils ne nous en veuillent pas si nous n'avons pu obtenir satisfaction. Nous nous faisons parfois insulter par des amis qui croient que c'est nous qui avons l'autorité de donner l'asile en France. Ce n'est même pas dans les serices auxquels nous nous adressons que nous pouvons obtenir ce que nous nous voulons. C'est une question de politique générale et internationale.

Le problème a été posé hier dans toute son ampleur. Il ne s'agit pas comme autrefois, comme avant-guerre par exemple, de quelques exilés politiques qui ne pouvaient continuer à exercer leur apostolat politique parce que des régimes réactionnaires les empêchait de faire la propagande de la politique de leur choix. Il ne s'agit pas de cela.

En France et en Angleterre on considérait autrefois le droit d'asile comme un droit sacré. Mais ce n'est plus aujourd'hui un Victor HUGO, un LENINE, un TROTSKY qui demande le droit d'asile, ce sont aujourd'hui des populations entières, des centaines de milliers de gens qui demandent un asile, qui demandent la possibilité de continuer leur existence.

Nous le disions depuis longtemps, nous le disions depuis bien avant l'assassinat de VON RATH, c'est une question qui dépasse la France, c'est une question qui est une question internationale et qui doit être réglée d'une manière internationale (vifs applaudissements).

Les différents pays que nous avons sollicités – et vous pouvez le lire dans le rapport qui a été fait – indiquent que l'on peut parfois dans des conditions déterminées y établir des émigrants. Il faut naturellement pouvoir disposer de certaines sommes qui parfois sont très importantes. Dans ces conditions, vous pensez bien que les solutions qu'on nous apportait ne peuvent avoir ni notre agrément, ni la possibilité de se réaliser. Les Juifs allemands ne peuvent disposer des sommes qu'on leur réclame.

Hier soir, Léon BLUM disait que le problème qui se pose au monde est un problème d'autant plus dangereux et profond que nous seulement les Juifs allemands devront trouver un asile dans le monde, mais encore qu'on veut qu'ils restent en Allemagne et on les contraint d'y rester, car en fait lorsqu'ils veulent quitter l'Allemagne ils ne peuvent le faire que s'ils échappent aux consulats et que s'ils échappent aux poteaux-frontières. Les consulats français en Allemagne, tout comme dans l'ancienne Autriche, ont reçu des ordres très sévères qu'ils appliquent à la lettre.

Au moment même où je vous parle, il y a des dizaines de milliers d'hommes qui se trouvent dans des camps de concentration, des dizaines de milliers d'hommes qui ont demandé soit le visa français, soit le visa anglais et à qui on refuse ces visas.

Il y a, par conséquent, pour nous un devoir double qui s'impose. Non seulement nous devons une aide efficace et une aide qui doit s'exercer aujourd'hui plus que hier à tous ceux qui sont déjà en France, à tous ceux qui sont déjà en Angleterre, à tous ceux qui sont déjà en Amérique, mais encore nous devons envisager la possibilité de venir en aide à ceux qui se trouvent en Allemagne et qui ne peuvent en sortir.

On nous a dit hier qu'il fallait créer de nouvelles colonies de peuplement. Dans l'esprit de certains hommes d'état il s'est fait jour une théorie à laquelle il fait rendre hommage, si cette théorie se réalise selon les théories de l'humanisme auxquels nous tenons tous, qui consisterait à faire émigrer une grande partie des Juifs qui ne peuvent vivre dans leur pays dans des colonies de peuplement, dans des colonies appartenant à des états démocratiques. On a même dit, maniant ainsi l'ironie, qu'on pourrait envoyer des centaines de milliers de Juifs dans les anciennes colonies allemandes du Tanganyika et du Cameroun…

Je sais – et vous le savez aussi bien que moi – que ces problèmes ne comportent pas de solution immédiate. Il y a à côté du problème de peuplement, à côté du problème de migration, des questions d'ordre financier qui sont incommensurables. On a parlé d'un emprunt international pour permette une émigration de cette nature. Nous sommes persuadés que le jour où cet emprunt international prendra corps et sera développé d'une manière internationale, nous sommes persuadés que la LICA prendra des dispositions pour aider à la réussite d'un emprunt de cette nature.

Mais, permettez-moi de vous rappeler notre doctrine : le jour où le Juif s'est intégré à la nation dans laquelle il vit, partout où il fait corps avec la nation, partout où il est élément actif de la nation, ce juif-là appartient à cette nation, et c'est dans la nation elle-même qu'il doit obtenir la satisfaction de son droit à la vie.

Nous disons, Camarades, que sans doute nous n'avons pas le droit, nous qui vivons en France d'une vie tranquille, nous n'avons pas le droit, dis-je, de juger ceux qui sont dans l'obligation de fuir ou les camps de concentration ou la mort, mais nous disons cependant que nous n'acceptons pas, nous Français, que l'antisémitisme vienne un jour poser le problème à la face du monde pour les Juifs français, tout comme nous n'acceptons pas que ce problème se pose pour les Juifs polonais, pour les Juifs roumains, pour les Juifs allemands. Ces Juifs sont roumains, polonais, allemands et ils doivent à côté des organisations qui désirent un changement de régime qui les opprime demander le droit à la vie dans la nation dans laquelle ils se trouvent.

Camarades, nous sommes contre toute création spirituelle, moral ou matérielle de la concrétisation d'une espèce de peuple juif. Nous n'acceptons pas le mot de "peuple juif" (applaudissements). Nous disons des êtres humains, appartenant à des ethniques diverses, vivant dans des nations déterminées, apportant à ces nations leurs activités, leur cœur et leur esprit, nous disons que ces êtres humains ont le droit d'acquérir, d'avoir et de conserver le droit de la citoyenneté.

Je sais bien que dans des pays comme l'Allemagne où la loi de la nation contraint le citoyen juif allemand à ne plus faire partie de cette nation, je sais bien mais je n'ai pas le droit de vous dire le devoir qu'il a à accomplir. Mais ce que je sais aussi c'est que si, étant en France et ne reniant en aucune façon les paroles que j'ai prononcées il n'y a pas longtemps au Palais de la Mutualité, nous n'acceptons pas l'antisémitisme et le racisme, cela veut dire pour nous non pas qu'on organisera dans d'autres pays des quêtes et des suppliques pour que les Juifs français puissent trouver un asile quelque part, mais ce que je voulais dire et ce que j'entends proclamer ici, c'est que n'acceptant pas le racisme dans le pays où nous sommes, dans le pays où nous vivons, dans le pays que nous avons adopté et qui nous a en même temps adopté, nous disons que nous sommes Français et que nous voulons rester Français.

C'est pourquoi, parlant des Juifs allemands qui aujourd'hui se trouvent dans des camps de concentration ou à la veille d'être dans des camps de concentration, je leur dis : Camarades Juifs qui êtes actuellement en Allemagne, prenez conscience de votre situation d'homme et de citoyen allemand. Vous êtes encore 500.000. On n'arrête pas 500.000 hommes et femmes, descendez dans les rues de Berlin (applaudissements), puisque de toutes façons vous êtes des victimes désignées, ne soyez pas des victimes résignées (très bien ! très bien !), montrez au monde qui attend que notre génération fasse un rempart à la réaction et à la régression humaine, montrez au monde que parce que vous êtes des persécutés, que parce que n'avez peut-être plus d'autre solution, vous prendrez enfin la solution du courage, la solution de l'héroïsme.

Camarades, j'ai le droit, je crois, dans un Congrès comme le nôtre, de donner ce conseil aux Juifs allemands, parce que si je n'admets pas et si je n'approuve pas, tout en le comprenant en l'expliquant bien, le geste d'un juif polonais, chassé d'Allemagne, venant en France, croyant trouver en France la possibilité de vivre, ce juif polonais qui ne peut ni retourner en Allemagne, ni en Pologne, je n'approuve pas, dis-je, ce geste qui ne trouve d'autre explication ou justification que la souffrance. En France, nous conseillons à personne d'accomplir des gestes individuels, mais je serai le premier, le jour où en France on empêcherait le Juif français d'être l'égal des autres Français, à prendre mon fusil et à tirer (applaudissements).

Je ne voudrais pas que l'on interprète mes paroles d'une manière différente de celle que j'ai tenté d'exprimer ma pensée. Je voudrais que vous sachiez bien que le droit d'asile est pour nous une chose sacrée à laquelle nous nous sommes attelés de toute notre foi et avec tout notre conscience.

Je voudrais que vous sachiez bien que nous ne rendons en rien responsable les Juifs et les non-Juifs qui viennent nous voir du sort qui leur est fait et n'avons pas le droit de les renvoyer chez eux. Ce que je veux que vous sachiez cependant c'est, qu'ayant posé le problème comme nous l'avons fait, nous avons le devoir de demander que des solutions soient apportées à une situation qui pour l'instant n'en comporte pas. Nous avons concrétisé en quatre points les revendications immédiates que nous présentons aux pouvoirs publics :

1° - Respect par les autorités de l'article II du décret du 2 mai 1938.

C'est le respect à tous ceux qui sont des émigrés politiques. Nous ajoutons à cela que le Juif est un émigré politique, même quand il n'a jamais fait de politique dans le pays d'où on l'a chassé. On a, en effet, établi une discrimination en France entre celui qui, faisant de la politique dans son pays, est chassé de ce pays, mais à qui on donne la possibilité de rester en France, et les réfugiés du racisme que l'on ne considère pas comme des réfugiés politiques.

Nous voulons que les pouvoirs publics admettent que le Juif est un réfugié politique, parce que lui, sans avoir choisi l'opinion de son choix, en étant tout simplement le responsable d'une cause qu'il ne connaît pas et qu'il n'a pas préférée, il est le réfugié politique a priori, il est le véritable réfugié politique, et nous disons qu'on doit assimiler aux réfugiés politiques le réfugié qu'on appelle raciste. Il est incontestable qu'aujourd'hui que le réfugié juif ne peut trouver en France la possibilité de se défendre que s'il apporte des documents qui sont des faux parfois. Quand le réfugié apporte un passeport véritable, il ne s'agit presque jamais du véritable réfugié politique, parce que jamais le réfugié politique, le réfugié du racisme ne peut obtenir dans les pays dans lesquels il est mis à l'index les visas nécessaires auprès des consulats. Or, aujourd'hui en France ceux qui sont accrédités auprès de l'ambassade d'Allemagne ou d'Italie ont la possibilité d'obtenir le droit de résidence, c'est à dire que les pires ennemis du peuple français ont le droit de résider en France, alors que les autres, ceux qui sont les amis de la France, démocratique, ne sont pas autorisés à y résider.

On nous a reproché que certains Juifs sont venus à la LICA, au mois de septembre, d'une manière spontanée apporter leur signature dans le cas où la France serait attaquée. On nous a reproché d'être des bellicistes. Ce n'étaient pas des bellicistes qui venaient à la LICA, c'étaient des hommes reconnaissants à la France qui venaient lui apporter non seulement le secours de leur bras, mais le secours de leur vie, pour défendre ce qui était davantage que leur vie, le droit d'être livre. (Très bruyants applaudissements).

Avant de terminer, je veux indiquer que nous demandons aux hommes politiques qui sont dans ce Congrès de nous aider à obtenir un statut véritablement humain et juste pour les personnes dont nous avons aujourd'hui la charge. Il n'y a pas de possibilité pour la France d'accepter aujourd'hui des millions de Juifs, c'est entendu. Même parmi les hommes qui nous sont le plus favorables, nous ne pouvons leur demander d'accepter que les trois millions de Juifs polonais, que les 600.000 juifs allemands, que le million de Juifs roumains, que les 300.000 Juifs tchécoslovaques, qui demain seront traqués comme les Juifs allemands, viennent s'établir en France et de créer une sorte d'asile pour eux. Mais ce que nous demandons, ce que nous exigeons, c'est que pour ceux qui ont réussi à s'enfuir et qui sont en France, c'est que pour ces hommes et ces femmes dont la douleur est immense, c'est que pour ces hommes-là nous ne soyons pas les complices des assassins, mais que nous leur apportions le réconfort qu'ils méritent et qu'ils demandent, qui serait tout simplement la carte d'identité et la possibilité de résider.

Nous demandons pour les Juifs qui sont déjà dans ce pays qu'un statut leur permette de se défendre devant les autorités et l'arbitraire gouvernementale et administrative. Nous demandons qu'ils obtiennent enfin la possibilité de vivre et de travailler pour vivre en France. Cette dernière question doit naturellement être examinée avec les organisations syndicales (chaleureux applaudissements).

Camarades, étant donné les répercussions de ce Congrès à propos du droit d'asile qui ne manqueront pas de se faire jour d'ici quelque temps auprès des services administratifs, j'aimerai que les Camarades qui viendront prendre la parole à cette tribune essaient de se discipliner et ne demandent que des choses possibles et réalisables. Il ne s'agit pas que la Commission du Droit d'Asile intervienne auprès des pouvoirs publics en faveur de choses que nous savons d'avance que nous n'obtiendrons pas. Il s'agit d'obtenir des choses concrètes, il s'agit de défendre ce rapport sur des point concrets, parce que nous sommes persuadés que sur les points que nous présentons, nous pouvons obtenir satisfaction dans la mesure où nous ne dépasserons pas le cadre des possibilités.

Pour terminer je veux remercier ici tous ceux qui nous ont aidé dans la tâche entreprise. Je veux dire à nos Camarades Me Gérard Rosenthal, Me Jean-Victor Meunier, Me Marcel Bloch, Me Marius Moutet, combien nous avons été sensibles à leur dévouement de tous les jours et de tous les instants. A ces hommes qui se dévouent, à ces hommes qui défendent les causes de nos amis gracieusement devant les Tribunaux, nous leur disons que le Congrès tout entier les remercie, que les Juifs et les non-Juifs les remercient, et que la Commission du Droit d'Asile leur en a une gratitude infinie.

La tâche de nos amis n'est pas terminée. Les dernières circulaires sont encore plus odiens que les précédents, et c'est grâce à leur courage, grâce à leur talent aussi que nous espérons obtenir certaines satisfactions.

Nous voulons dire à Marcel Bloch tous les remerciements que nous lui devons pour son attention fidèle, pour son dévouement à notre cause. Je ne sais s'il est ici cet après-midi, mais qu'il sache bien que nous le remercions de notre cœur pour le travail qu'il vient d'effectuer à Dijon pour les LERNER dont je n'ai pas besoin de vous expliquer la situation. Les LERNER ont non seulement été dépouillés et pillés, mais encore par surcroît ils ont été expulsés par la Préfecture de la Côte d'Or… pour avoir été pillés et battus, alors que depuis 15 ans ils vivaient en France en étrangers honnêtes et loyaux.

J'ai reçu encore une lettre me demandant certains renseignements, comme si le Ministère de l'Intérieur n'était pas suffisamment renseigné. Le Ministère de l'Intérieur – ainsi que nous-mêmes – sait fort bien qu'on ne peut formuler contre les LERNER aucune espèce d'autre accusation si ce n'est celle d'être des victimes semblables dans une certaine mesure à celles que nous avons à déplorer en Allemagne hitlérienne.

Ce serait un déshonneur pour la Préfecture de la Haute-Saône en expulsant un homme qui est une victime et en ne faisant rien contre ceux qui sont les vrais coupables.

Camarades, il faut que vous sachiez aussi que nous avons demandé et que nous avons obtenu de nombreuses naturalisations. Les cas que nous avons présentés étaient d'abord passés au crible par nous et que si certains de nos Camarades n'ont pas obtenu satisfaction presque immédiatement ce n'est pas de notre faute. Nous avons fait des démarches multiples.

En ce qui concerne les derniers décrets lois, il faut qu'on sache que nous les réprouvons et que nous protestons avec violence et véhémence même contre ces décrets qui dénient aux naturalisés de demain le droit d'être un citoyen français comme les autres. On a créé des citoyens français de seconde zone. Nous sommes de ceux qui disons au gouvernement français : vous avez le droit de ne naturaliser qu'avec le plus de vigilance possible ; vous avez le droit de faire attendre des années la naturalisation, mais vous n'avez pas le droit de faire du naturalisé un citoyen de second ordre.

En enlevant au naturalisé le droit d'être électeur, on enlève à la liberté française tout son fond, tout ce qui peut faire sa substance, et c'est par cette voie sans doute qu'on essaiera bientôt de faire passer toutes les exactions non seulement contre les Juifs, mais contre tous les Français qui ne le sont pas.

Je vous demande d'examiner la situation dans son ensemble. Je ne vous demande pas de conclure hâtivement et de demander hâtivement des mesures irréalisables, mais je vous demande sur le plan matériel de nous demander ce qui est possible. Soyez persuadés qu'alors nous vous suivrons. (L’orateur est longuement et chaleureusement applaudi).

Originaux

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