Carnet (noir) de Lazare Rachline - 1943
Correspond aux pages : 174, 177Note de l'auteur
Notes prises lors de l'emprisonnement à Figueras et juste après sa libération par Lazare Rachline.Retranscription
7 sept 43
Les murs de la prison sont blancs
d’un blanc sale
Des hommes couchés sur le ciment parlent sous la lumière pâle
Ils rêvent tout éveillés
de sortir bientôt
Croire à la liberté
C’est notre sorte et notre lot
Partout ailleurs la vie
la vie continue
Ici on vit aussi
une vie de pauvres types fuient
la mélancolie et parfois l’espoir
La cellule, la cour, les cabinets
le matin, la journée, le soir,
la cellule la cour les cabinets
~~C’est le passe-temps ~~
du prisonnier
La nuit, la nuit existe s’étend
quelle dérision
Dormir, dormir
La soupe, la douche le lavoir
Voilà notre
Les punaises, les poux, la crasse
Et aussi la messe le dimanche
tout ça fait une semaine qui passe
une vient de passer une autre est sur la planche
Il y a des jours fastes
C’est le jour des Consuls
27 sept.
Je viens de me relire.
tout continue.
Seul un départ après un autre ont changé notre monotonie en mélancolie qui deviendra bientôt anxieuse. un train encore vient de passer. Il passe tous les jours à trois heures. Et tous les jours son sifflet nous fait mal, il hurle la liberté.
Cette liberté que nous avons perdue. La retrouverons-nous ? Bien sûr !
Suz. je ne pense qu’à toi et à nos petits – Ai-je bien fait de vous quitter ? Où est le devoir ?
Mes nuits sont sans sommeil mes nuits sans joie.
Je dors et mon réveil sera doux avec eux et avec toi. Quand ? Quand ? Quand ?
11/10
Liberté