Presse - Affaire Hardy - "Le Monde"
Correspond à la page : 342Note de l'auteur
Extrait d’un article d’André Fontaine dans Le Monde du 7 mai 1950, qui restitue la position de Lazare Rachline sur les héros, lors du second procès de René Hardy.Retranscription
On entendit hier d’autres témoins encore, venus préciser des points de détail ou apporter à Hardy l’assurance de leur estime. Mais il faut faire une mention spéciale à la déposition de Monsieur Rachlid, qui sous le pseudonyme de Rachet, organisa l’évasion vers l’Angleterre d’un grand nombre de résistants. C’est à lui que Hardy s’ouvrit de la présence de Multon dans son train. Où Rachet fut-il prévenu ? Sur la quai, une minute avant le départ, affirme-t-il ; dans le train réplique Hardy, qui évoque un témoignage dans le même sens de Madame Pierre-Bloch. Mais le témoin s’en tient avec force à ce qu’il dit. Et, sur un ton très ferme et très mesuré, il fait, à l’usage de l’opinion, un petit exposé sur l’héroïsme dont on peut difficilement contester la grandeur. Les héros, ce sont ceux qui n’ont pas parlé quand on les torturait, dit-il, en évoquant la mort affreuse de son frère sous les coups de la Gestapo. Les autres n’ont fait que leur devoir, ce que leur conscience leur dictait.
Le point soulevé par M. Rachlid est important. Si Hardy avait vu Multon avant de monter dans le train, pourquoi n’a-t-il pas pris le large ? Mais ce n’est pas suffisant pour le convaincre de trahison.